Historique du Régiment

 

Préambule

Le 44e Territorial a :  
pour petite patrie : VERDUN
pour parrains militaires :

le 94e Régiment d'Infanterie
le 164e Régiment d'Infanterie

Celui-ci est composé de 3 Bataillons.

C'est à la caserne de MIRIBEL de VERDUN que le 44e Territorial avait son casernement.


Le 44e R.I.T (Régiment d'Infanterie Territoriale) était rattaché directement à la place de Verdun sous le commandement du Gouverneur de Verdun, le Général de Division COUTANCEAU.


C'est pourquoi on le trouve dès l'année 1914 mobilisé dans la région des Hauts-de-Meuse notamment dans le secteur compris entre DOUAUMONT et BEZONVAUX.


Août 1914

Les Compagnies sont positionnées (de 1 à 4 : BRAS, de 5 à 8 : DOUAUMONT, de 9 à 12 : FLEURY). Le 3e bataillon du 36e R.I.T (Commandant LEVACHER) fait campagne avec les trois bataillons du 44e R.I.T.

 

Automne 1914

Des patrouilles de reconnaissance dirigées par le Lieutenant-colonel DEMANGE, entièrement composées de volontaires, sont envoyés dans le secteur de MOGEVILLE, MAUCOURT, DIEPPE, GINCREY, MORGEMOULIN, FOAMEIX et FROMEZEY afin d'observer si des détachements de cavalerie ennemie n'occupent pas ces villages.

 

5 et 6 Avril 1915

Le gouvernement de Verdun voulait se donner de l'air vers l'est et notamment au sud de la route de VERDUN - ETAIN. Pour appui et prolongement de cette offensive, l'on décida de mettre la main sur le village en ruines de FROMEZEY.
Les patrouilles du 44e R.I.T et la patrouille du 36e R.I.T éclairait la 15e Compagnie du 166e R.I sur ce terrain qu'elles avaient cent fois fouillé puis la 11e Compagnie du 44e R.I.T entrait dans le village sur les talons des assaillants pour les mettre en état de défense. FROMEZEY resta intangible, sous la garde du régiment, jusqu'au 25 Février 1916.

 

Eté 1915

Le Lieutenant-colonel LACROIX DE CARIES DE SENILHES succède au Lieutenant-colonel breveté ROLAND, celui-ci est appelé au commandement d'un régiment actif (à cette même période, toute distinction entre les régiments et les régiments de réserve est effacée). Le 44e R.I.T est rattaché successivement à diverses grandes unités.
Tout d'abord, plus de Gouvernement de Verdun mais un Secteur Nord de la Région Fortifiée de Verdun (S.N.R.F.V) ayant pour chef l'ancien gouverneur le Général COUTANCEAU.
Plus tard, le Secteur Nord de la Région fortifiée de Verdun fait place au 30e Corps d'Armée (Général CHRETIEN).

 

22 Septembre 1915

Le 3e bataillon du 36e R.I.T rattaché au 44e R.I.T se voit attacher aux deux bataillons du 45e R.I.T.
Pour le 44e R.I.T, aucun rétrécissement de terrain à défendre, ni aucun ralentissement dans l'activité des travaux de défense.

 

Début Février 1916

Les trois bataillons sont placés l'un derrière l'autre répartis sur :

- FROMEZEY
- HAUTES-CHARRIERES SUD
- HAUTES-CHARRIERES NORD
- BRAUX

Le dernier bataillon constituant les réserves de régiment et de brigade et détachant à HARAIGNE (Groupe de deux fermes) un peloton pour renforcer la 2ème position.

 

21 Février 1916 à 7 heures

Bombardement d'une tonalité particulière, marquant le début de la bataille de Verdun.
Le 44e R.I.T va prendre une part directe à cette bataille dont voici quelles conditions :

1° : Par la défense de son terrain habituel
2° : Par sa contribution à la défense des Hauts de Meuse

Le Général LACOTTE reçoit par adjonction au 42e R.I (Régiment d'Infanterie), le 44e R.I.T. Le groupement LACOTTE constitué, le dispositif était le suivant : "les vieux en avant, les jeunes en arrière".

En 1ère position le grand massif boisé des HAUTES-CHARRIERES commandé par le chef de bataillon BOULANGER. Au Sud-Est, FROMEZEY commandé par le commandant ROBIN. Au Nord-Ouest BRAUX commandé par le chef de bataillon BAUER.

En 2ème position, HARAIGNE commandé par le capitaine GAY, HARAIGNE également PC (Poste de Commandant) du Lieutenant-colonel du 44e R.I.T.

Au déclenchement du 21 février, c'était le 2ème bataillon qui était en ligne, ses compagnies dispersées comme suit :
- 5ème Compagnie - BRAUX
- 6ème et 7ème Compagnie - HAUTES-CHARRIERES
- 8ème Compagnie - FROMEZEY

La relève du bataillon devait commencer précisément à la tombée de la nuit du 21, mais il en fut tout autre notamment à FROMEZEY où la Compagnie ne put se replier sur DAMLOUP que la dernière nuit avant la retraite générale.
On évalue à 4 000, les obus tombés pendant ces 95 heures (données probablement en dessous de la vérité).
La 9ème et 10ème Compagnie appelés d'urgence pour la 10ème à FROMEZEY afin de renforcer la 8ème Compagnie, pour la 9ème Compagnie dans le bois des HAUTES-CHARRIERES afin d'y constituer soutien.

Dans la cour d'HARAIGNE où se trouvait un poste de secours, on laissa échapper ces mots rapportés des toutes premières lignes "mon Colonel, ce n'est plus tenable !".

 

Nuit du 24 au 25 Février 1916 à 1 h 20

Au PC du Lieutenant-colonel du 44e R.I.T à HARAIGNE arriva un petit billet au crayon expédié de DIEPPE par le Général LACOTTE, prescrivant repli général immédiat, ralliement au revers du Fort de TAVANNES, spécifiant qu'une Compagnie serait laissée à DIEPPE, un peloton à HARAIGNE.
Le repli a eu lieu dans les conditions suivantes :
- la distance a effectué dont une zone à vues (HAUTES-CHARRIERES - TAVANNES = 12 km, HARAIGNE - TAVANNES = 4 km),
- la fatigue après 90 heures de pilonnage,
- l'état boueux et glissant du sol malgré les pistes en caillebotis tout en gardant la main sur les fils de fer placés à hauteur d'appui,

Malgré toutes ces difficultés, le régiment y parvint.

Le régiment fut dirigé sur le quartier de CHEVERT (Revers des Hauts-de-Meuse) tout annonçait afin le repos.

 

Du 25 Février 1916 au 02/03 Mars 1916

Or tout au contraire, un ordre arrivait de se remettre en mouvement à 21 heures pour le fort de Vaux (2ème bataillon), l'ouvrage de Laufée (1er bataillon), l'abri de Damloup (12ème Compagnie) et le tunnel de Tavannes (3ème bataillon) sous les ordres du Général LACOTTE.
La mise en route s'effectua sans un murmure dans un ordre silencieux et ponctuel. La 2ème phase allait durer 5 à 6 jours, afin de contribuer à la défense des Hauts-de-Meuse.

Le 44e R.I.T devait tenir le rôle de réserve sur le sommet des pentes raides qui dévalaient vers l'ennemi, par la suite certaines fractions du 44e R.I.T furent appelées en première ligne au côté du 42e R.I.

Ces derniers jours passés en ligne furent particulièrement durs. La relève se fit attendre jusqu'aux 2 et 3 Mars.

 

Mars 1916

La tâche principale du 44e R.I.T allait consister désormais à entretenir la "Voie sacrée" (artère vitale permettant le transport de munitions, vivres, matériels, etc ...) reliant BAR-LE-DUC à VERDUN par ISSONCOURT (PC du 44e R.I.T), HEIPPES et SOUILLY pendant 4 à 5 mois.

 

Eté 1916

Le 1er bataillon (commandant BAUER) fut attaché à la 130è D.I (Division d'Infanterie) en ligne dans la région de FOUR DE PARIS (partie de l'Argonne située au Nord de la route de CLERMONT - LES ISLETTES - SAINTE-MENEHOULD).
La 2ème Compagnie eut bientôt une spécialité originale "les Bourricots" allégeant les hommes portant vivres, matériels et munitions.

Le 2ème bataillon se tenait le long de la Meuse entre deux bataillons actifs (127e Brigade).

Le 3ème bataillon formant réserve au bois des SARTELLES.

Les 2ème et 3ème bataillons furent affectés vers fin Août à une partie du front voisin de VAUQUOIS, BOUREILLES, LA FILLE MORTE, ce secteur avait comme nom "LES MERLIERS"(bois situé près de BOUREILLES). Des patrouilles de nuit faites de volontaires sélectionnés, fortement encadrés, furent mises en place. Ces patrouilles firent l'objet d'appréciations très favorables de la part des officiers. Le départ pour l'AISNE coupa court à cet intéressant travail mixte de vieux et de jeunes du 44e R.I.T.

 

Octobre 1916

Les trois bataillons sauf la 2ème Compagnie laissés avec ses bourricots en ARGONNE s'embarquèrent à SAINTE-MENEHOULD pour FERE-EN-TARDENOIS.

Le régiment se trouve réorganiser, les numéros de Compagnie conservées de 1 à 11. Ce numérotage maintenait la personnalité morale des Compagnies qui gardaient à leur tête leur ancien chef à l'exception de la 8ème sous les ordres du Capitaine MIMIL qui devint la 5ème Compagnie.

 

Hiver 1916 - 1917

L'hiver 1916 commença par une période de repos de 12 jours expirant le 3 Novembre 1916, la première depuis le 31 Juillet 1914.
Le chiffre des absents par permission était porté à 50 %.

Les travaux incombant au 44e R.I.T eurent pour objet la préparation de l'offensive d'Avril :
- Montage de baraques sanitaires à COURLANDON, MONT-NOTRE-DAME,
- Déchargement de matériel de guerre de toutes sortes,
- Chargement de denrées et de matériaux,
- Extinction de multiples incendies allumés par les projectiles ennemis.

Les fréquents changements d'installation laissaient les unités désarmées contre les morsures de l'hiver. La nature du sol assez sablonneuse contrairement aux années précédentes dans le bois des HAUTES-CHARRIERES mais plus dangereux, les arbres étant dépouillés de leur feuillage, l'artillerie ennemie distinguait mieux les objectifs.
L'invasion de l'eau était fort pénible, beaucoup furent menacés de noyade par la perturbation des jeux d'écluses (canal latéral à l'AISNE en amont de VAILLY ainsi que le point d'appui situé au bord de l'AISNE en face de POMMIERS).

 

Printemps 1917

Le régiment fut attaché au "Détachement Spécial de l'Aisne" placé sous les ordres du Lieutenant-colonel MECHET du 171 R.I avec le 44e R.I.T il y avait un bataillon du 171e R.I, deux bataillons sénégalais 27e et 29e. La tâche principale consistait à nettoyer d'ennemis la rivière et sa vallée au fur et à mesure que les attaques proprement dites, convergeait que l'ANGE GARDIEN, point remarquable des plateaux au Nord de l'Aisne. Le Détachement Spécial de l'Aisne fut vite dissous.
Le 1er Bataillon fut momentanément disloqué (la 3ème Compagnie fut affectée à la reconstruction du Pont de Vailly, la 2ème Compagnie fut affectée à l'escorte des prisonniers, la 1ere Compagnie servait de coureurs entre deux chaînes de commandement).
Le 3ème Bataillon tenait le BOIS MORIN.

 

Avril 1917

Le 18 Avril, le Lieutenant-Colonel, alors en observation à la Corne du BOIS MORIN, assistait à de grosses explosions dans VAILLY, la preuve que les Allemands étaient encore dans l'agglomération mais l'indice d'un abandon prochain. Le parti du Chef de Corps était pris de lancer dans la tête de pont à la tombée de la nuit deux patrouilles d'officier suivi d'un bataillon.
Après la traversée du canal sur des passerelles pour piétons non détruites, sur l'Aisne la passerelle était rompue mais une barque mal coulée permis de rallier l'autre rive, vers 18 heures le 44e R.I.T avait pris pied dans VAILLY.



Après l'attaque du 18 Avril, pendant une douzaine de jours, la mission du régiment consista à gagner du terrain jusqu'au pied de la ligne HINDENBURG, cette mission ne fit très lentement et non sans peine ni pertes, le plateau n'offrait aucun cheminement.
De la fin Avril à début Mai, les 3 Bataillons participèrent à la tâche ingrate et périlleuse, à savoir :
- Le 2ème Bataillon : P.C dans JOUY puis à l'Ouest de JOUY,
- Le 3ème puis le 1er Bataillon : Tranchée DE LA GALERE et à proximité de la ferme COLOMBE,
- Le P.C du Lieutenant-Colonel : Château de VAUCELLES.

Le bulletin de renseignements numéro 98 de la VIème Armée, 25 Avril 1917 s'exprime ainsi : "à la suite d'une légère avance dans la région de la ferme COLOMBE, le 44e R.I.T a pris 4 pièces de 150".

 

Eté - Automne 1917

Pendant les neuf mois qui restait au 44e R.I.T, celui-ci oscilla de l'AISNE à la SOMME, de la SOMME à l'AISNE :
- Dans la région de SOISSONS à : CHASSEMY, VAUXTIN, DHUIZEL et ROUGE MAISON,
- Dans la région de NOYON-HAM à : PONTOISE (près de NOYON), VILLERS-SAINT-CHRISTOPHE.

 

Dissolution du régiment

C'est de ROUGE MAISON près de VAILLY que les ordres de dissolution furent pris.
Les principaux régiments, où ils furent affectés, sont les 72e .R.I.T, 86e R.I.T, 130e R.I.T et 12e R.I.T.
Le drapeau s'éloigna des armées que le 25 Mars 1918 salué une dernière fois à BRAINE avant de rejoindre provisoirement la salle d'honneur du Dépôt de LAVAL (lieu de refuge après avoir quitter Verdun en 1916).
Le 14 juillet 1919, le drapeau allait flotter une dernière fois au soleil de la Victoire et sous l'Arc de Triomphe, tenu haut et ferme par le Lieutenant GREIVELDINGER, le vétéran des HAUTES-CHARRIERES et accompagné par le Chef de Corps du début le Lieutenant-Colonel DEMANGE.
Le drapeau a été remis au Musée de l'Armée à PARIS le 21 Février 1922 (prochainement une photo du drapeau sera disponible sur le site, actuellement le musée de l'Armée étant en travaux, les drapeaux en réserve ne peuvent être photographiés : fin des travaux Septembre 2006).

 

Conclusion

Au cours des 43 mois d'existence de guerre, le 44e R.I.T s'est acquitté des tâches les plus diverses parfois les plus dures.
Le 44e R.I.T s'est montré digne de VERDUN, sa petite patrie et du 94e et du 164e R.I, ses parrains militaires.

 


Si vous avez des informations complémentaires à me fournir ou des suggestions, n'hésitez pas à me contacter
courriel : Sylvie Lambey