Non Morts pour la France
Source : "Fusillés pour l'exemple" - Général
André BACH
& "Les fusillés de la Grande Guerre et la Mémoire collective"
- Nicolas OFFENSTADT
& Cote SHD 24 N 623 (Conseil de guerre de la 29e DI)
Jugement et Exécution
Le 12 Septembre 1914, la 29e Division va condamner 6 soldats à mort,
le Général demandant toutefois la grâce pour 4 d'entre eux.
Suite au jugement du conseil de guerre, les 2 territoriaux (Nicolas CHOUMAKER
et Alexis JAJOUX) seront passés par les armes pour "Abandon de Poste"
le 15 Septembre 1914.
En dépit du fait que les unités sont en phase de combat intensif,
le Général veille à ce que la publicité de l'exécution
soit faite correctement. Il annonce le 14 Septembre que les 2 condamnés
seront exécutés le jour même et indique en post-scriptum
: "Le présent ordre sera lu dans chaque compagnie
à deux appels et il sera rendu compte de l'exécution".
Note de service datée du 14 Septembre à Vadelaincourt, précise
les modalités de l'exécution :
"Le Général commandant la 29e division,
a décidé que l'exécution des condamnés aurait lieu
devant le 112e R.I. En conséquence, Nicolas CHOUMAKER et Alexis JAJOUX
seront conduits immédiatement par la gendarmerie au cantonnement du 112e
RI à Blercourt.
Le Général Tocanne prendra toutes les mesures nécessaires
pour que l'exécution de la peine ait lieu devant le front des troupes
présentes dans le cantonnement (en particulier devant le 112e R.I, désigné
par le tirage au sort).
L'exécution aura lieu dans l'après-midi d'aujourd'hui 14 septembre
1914, ou, en cas d'impossibilité, demain matin 15 Septembre au jour et
même, s'il le faut, pendant une halte en cours de marche.
On se conformera, autant que les circonstances le permettront, aux mesures et
au cérémonial réglementaire que rappelle la note ci-jointe".
Carbillet, commandant la 29e division.
Un compte-rendu du 16 Septembre indique que les 2 militaires ont été fusillés le 15 Septembre à 5 h 30 devant le front des troupes.
Démarches menées à ce jour en vue
d'une réhabilitation et recherche de sépultures
Demande des actes de décès auprès des mairies :
Nicolas François CHOUMAKER :
L'acte de décès fait suite à un jugement du Tribunal de
Verdun en date du 10 Décembre 1920 dont la décès est le
15 Septembre 1914. L'acte comporte en marge la mention "Mort pour la France".
Acte transcrit le 13 Janvier 1921 à la Mairie de Mont-sous-les-Côtes
(55).
Alexis Prosper JAJOUX :
L'acte de décès fait suite à un jugement du Tribunal de
Verdun en date du 29 Octobre 1920, dont le décès est le 15 Septembre
1914. L'acte comporte en marge la mention "Mort pour la France". Acte
transcrit le 31 Décembre 1920 à la mairie d'Ambly (55).
Chacun des deux soldats étant inscrits sur le monument aux morts de leur commune.
Demande des copies de jugements établis par le Tribunal de Verdun aux Archives Départementales de la Meuse :
Les copies de jugements déclaratifs de décès n'apportent pas de renseignements complémentaires par rapport aux actes de décès.
Courriers à divers organismes :
Dépôt central d'archives de la Justice Militaire - Le Blanc (36)
Réponse :
Transmission de ma demande auprès de Monsieur le Directeur du Service
Historique de la Défense (Vincennes), seule autorité compétente
pour satisfaire ma demande.
Service Historique de la Défense - Vincennes (94)
Extrait du courrier :
"En ce qui concerne les soldats JAJOUX Alexis
et CHOUMAKER Nicolas du 44e RIT exécutés le 15 Septembre 1914,
aucune mention marginale ne figure dans la minute de jugement du 12 Septembre
1914 du conseil de guerre permanent de la 29e division d'infanterie, précisant
une quelconque réhabilitation.
Cependant, rien ne permet de préciser si ces militaires ont fait réellement
l'objet d'une réhabilitation puisque le service historique n'est pas
dépositaire d'archives relatives aux réhabilitations des militaires
passés par les armes, selon les dispositions des articles 2 et 3 de la
loi du 9 Août 1924. C'est la chambre d'accusation de la cour d'appel du
requérant qui statue sur la demande de réhabilitation, (la décision
peut également dans certains cas être déférée
devant la cour de cassation). Il convient donc se rapprocher du service des
archives de la chambre d'accusation de la cour d'appel devant laquelle cette
affaire a été portée."
Direction Interrégionale des anciens combattants de Lorraine Champagne-Ardenne - Metz (57)
Réponse :
Se rapprocher du Service Historique de la Défense à Vincennes
(c'est déjà fait) et de la Direction de la mémoire du patrimoine
et des archives à Caen pour une éventuelle réhabilitation.
Les archives de la Direction Interrégionale n'ont pu localiser les sépultures
perpétuelles des 2 soldats.
Service Départemental de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre- Bar le Duc (55)
Réponse :
Mon courrier est transmis à l'O.N.A.C (Office National des Anciens Combattants
et Victimes de Guerre) à Cahors.
Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre- Cahors (46)
Extrait du courrier :
"Effectivement, les deux personnes que vous recherchez
ont bien été «fusillés pour l'exemple» en 1914.
Paradoxalement, leurs noms figurent sur le monument aux morts de leur commune.
Nous avons pris contact avec le Général BACH, ancien directeur
du Service Historique de la Défense et spécialiste de ce sujet.
Effectivement, au début de la Grande Guerre, certains d'entre eux avaient
comme les autres leur nom inscrit sur le monument communal.
En ce qui concerne les archives relatives à leur jugement, les dossiers
de justice militaire qui concernent JAJOUX et CHOUMAKER portent le n°6 dans
les archives du Conseil de Guerre de la 29e DI. Pour avoir accès à
ces dossiers, il vous faut faire une demande au Service Historique de la Défense,
Archives Armées de Terre, Bureau des Dérogations BP 166 00468
ARMEES (réponse dans les deux ou trois mois).
Ce n'est qu'en consultant les dossiers respectifs de ces personnes que vous
pourrez trouver les informations que vous recherchez, à savoir : les
raisons de leur exécution, le lieu de leur inhumation et une mention
d'une réhabilitation".
Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives - Caen (14)
Extrait du courrier :
"Les recherches entreprises au sein des dossiers et
fichiers relatifs au Premier Conflit mondial conservés au bureau des
archives des victimes des conflits contemporains me permettent de vous préciser
qu'à ce jour la mention «Mort pour la France» n'a pas été
attribuée aux soldats qui vous intéressent".
A ce jour, les soldats Nicolas CHOUMAKER et Alexis JAJOUX n'ont pas été réhabilités. Malheureusement, je ne peux effectuer cette démarche car seules les familles peuvent engager cette action.
Grâce à Frédéric RADET, nous avons pu retrouver leur lieu de sépulture. Nicolas CHOUMAKER et Alexis JAJOUX ont été enterrés près du cimetière de Blercourt (55), dans une prairie à 100 m du ruisseau au lieu-dit "L'Enclos".
Si vous avez des informations complémentaires
à me fournir ou des suggestions, n'hésitez pas à me contacter
courriel : Sylvie Lambey